lundi 22 septembre 2014

L'obligation d'avoir une vie sexuelle

Bam, gros article controverse en ce début de période menstruelle (et donc synonyme pour moi de retour endométriose)
Donc, oui, je trouve (et je ne suis pas la seule) que notre société actuelle nous oblige à avoir une vie sexuelle , et ce de manière explicite et implicite. Mais, comment ça?...




D'abord, il y a les articles dans les médias sur les bienfaits du sexe. Alors bon, au départ (j'imagine dans les années 60-70) tout ce tintouin avait pour but légitime de libérer les moeurs, mettre à l'aise les gens avec leurs corps et la désacralisation de la société, etc. Je suis d'accord avec ça. C'est super. Bravo à tous. Mais va trouver maintenant une personne qui ne sait pas que le sexe, c'est bon pour la santé (je parle en territoire français)... Quelqu'un qui pense que le sexe n'est pas bon, oui, mais quelqu'un qui n'a jamais lu ce genre d'article? Non.
Ces articles sont devenus habituels, au même titre que l’hyper sexualisation de tout et n'importe quoi, de l'Orangina aux serviettes de plage.

Le pire, ce sont les magazines féminins. Articles sexo, interviews de sexologues (une profession sans diplome...) lettres de femmes qui "culpabilisent de ne pas avoir de vie sexuelle". Thérapies de toutes sortes, chirurgies invasive inutile , crèmes pour le vagin (???), articles sur "ce qu'il faut avoir expérimenté dans sa vie sexuelle" (tu es ringarde si tu n'as jamais embrassé une fille!) 

Tout ça sous le discours de ... Toujours le même , libération des moeurs, du corps, et le plus drole "de la femme"! Je trouve que ça enferme plutôt la femme dans un rôle de donneur de plaisir, objet sexuel et "mythe de la femme moderne". Si tu es une femme sans être un Sex symbol, tu n'as pas de valeur. Une femme sans vie sexuelle n'est pas une vraie femme. Tu ne te sers pas de ton vagin? Quelle honte!

En tant que personne souffrant d'endométriose, j'ai développé un vrai complexe là dessus. J'en suis arrivée à me dire qu'il ne fallait pas que j'essaie d'être attirante, puisque de toutes manières je ne pourrai rien faire de sexuel avec quelqu'un. Pendant des années je me suis forcée à aller au bout de rapport sexuels rien que pour pouvoir dire "j'ai une vie sexuelle". Ca me faisait tellement mal qu'après j'étais obligée de m'isoler pendant une heure dans la salle de bains pour pleurer et prendre un bain.
Même les gynécologues s'y sont mises. "Je vais arrêter la pillule parce que je n'ai pas de vie sexuelle". Réponse: "Mais vous savez, il y a des thérapies pour ça". Ah, donc si je n'ai plus envie de me martyriser , je dois suivre une thérapie? "Vous avez droit au plaisir". Ca ressemblait de plus en plus à "Vous DEVEZ avoir du plaisir". Ridicule.


J'ai vécu des situations carrément risibles, qui sur le moment ne l'étaient pas. Un jour, je sortais de boire un verre avec un sociologue qui voulait (soi-disant me dis-je maintenant) parler du métier d'écrivain avec moi et de l'approche que j'en avais. Malheureusement nous sommes sortis trop tard et j'ai loupé mon dernier tram. Je lui explique, il m'invite chez lui très cordialement. Et au moment de nous coucher, voilà qu'il commence à être entreprenant. Je me lève, je lui explique que je ne suis pas la pour ça, et là, super réaction: il me met à la porte.
La semaine dernière j'ai invité un ami a dormir pour éviter qu'il ne dorme dans sa voiture. Il ne m'est pas venu à l'idée de lui faire des avances, et si ça avait été le cas et qu'il avait refusé (en même temps je suis en couple donc...) je ne l'aurais pas mis à la porte!

Bon mais enfin, je ne généralise pas, ce serait trop simple de dire "les hommes sont des obsédés et des cochons" , je pense que cette hypersexualisation permanente porte aussi préjudice aux hommes. Je n'imagine pas le calvaire d'un homme qui n'aurait pas de désir sexuel, ou par exemple qui ne serait pas porté sur les coups d'un soir.
 Une femme, et un homme, ont le droit de ne pas avoir envie ni besoin de sexe dans leur vie. Virginia Woolf disait (en substance) "je ne vois pas ce qu'il y a de si passionnant au sujet du sexe. Il y a des tas de choses dans la vie bien plus épanouissantes".
Il est vrai que, pour ma part, quand je compare un orgasme (oui parce que non-pratiquante-sexuelle et frigide n'est pas la même chose) à l'extase que je ressens quand j'écris ou, avant, ce que j'ai ressenti dans certaines méditations dans ma vie spirituelle, ça n'a rien à voir.

C'est culpabilisant et complexant d'être tout le temps sous pression. Homme ou femme.

Et même lorsqu'on est épanouis en couple, si on ne fait pas l'amour pendant un mois, un jour on va se regarder et se dire "Y a pas un problème entre nous?" alors que non, mais pour la france moderne, un couple doit avoir des rapports X fois par semaine, sinon c'est qu'il y a un problème, ou que le mec ou la femme a pris un amant.

Voilà, au XXIeme siècle, le sexe est devenu un DEVOIR. Quelle liberté!

J'ai déjà entendu des "copines" me dire "ben si tu fais rien avec, t'étonnes pas qu'il ailles voir ailleurs". Super, donc si je ne donne pas un orgasme à mon mec, il aura le droit de me tromper. Super logique.

Alors que, arrêtez moi si je me trompe, mais j'avais compris que le sexe était un loisir, un plaisir, un moyen aussi de montrer son amour à l'autre. Un moment unique de passion partagée, et pas un acte contraint.
Apparement la société n'est pas d'accord avec moi.

Faites vous plaisir, lisez un bouquin et soufflez!

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