dimanche 16 mars 2014

"Tu fais quoi dans la vie?"

Ah, cette question... La question que comme beaucoup je redoute le plus dans une conversation avec un inconnu. "Tu fais quoi dans la vie". Je ne sais jamais quoi répondre.

Dans une conversation avec moi, ça jette toujours un froid. Parce que bon, niveau professionnel (ce qui est le sens implicite de cette question, n'est ce pas) , soyons honnêtes, je ne fais rien. Je n'ai pas d'activité professionnelle me rapportant de l'argent.  Je n'ai aucun salaire. Et je ne fais pas non plus d'études universitaires ou dans une école à proprement parler.
Mais ce n'est pas non plus vraiment ça la question. Et puis honnêtement, qui se souvient précisément du boulot de chaque personne qu'il a rencontré entre 21 et 2h du matin dans un bar ? Non, évidemment, comme chaque chose qu'un humain fait en société, cette question est purement superficielle. Mais moi, elle m'emmerde.
Elle m'emmerde parce que ça me renvoie toujours à moi même, et au fait que je ne ferai jamais rien de "professionnel" dans ma vie. Oui, je le dis, je ne travaillerai jamais. Pourquoi? En gros parce que pas un seul de mes organes ne fonctionne normalement, que je souffre chaque jour et que c'est extrêmement fatiguant.
Mais si je réponds ça, les gens ont pitié, ils me voient de suite comme une handicapée (ce que je ne suis pas) et, bon, contrepartie pas gênante, ils m'offrent un verre (notez que ça peut être une technique...) Du coup ça fait un peu "rebut de la société", bof bof pour tisser des liens.




Alors si on détournait la question? "Que fais tu dans la vie?" En ce qui me concerne, la réponse la plus honnête serait "Je vis". Je vis, je profite de chaque moment (pas dans un sens bidon "carpe diem" blabla), de chaque étincelle, chaque vision de beauté que la vie m'offre. Je fais mes courses sans me presser, je choisis ce qui me plait, ce qui me fait envie, ce qui est bon. Je cuisine. Je mange. Je nettoie mon appartement, je m'occupe de mes vêtements avec soin et je dors bien. Voilà ce que je fais.

J'entends déjà certaines personnes rétorquer que "c'est facile de dire ça quand on a des aides financières, qu'on a pas d'enfants et blablabla". Déjà, je pourrais rétorquer: "C'est facile de travailler quand on est en bonne santé. C'est facile d'avoir des enfants quand on est pas stérile." Mais bon, ce serait un débat d'ignares, alors je préfère dire: Quand l'humanité comprendra que la richesse ne dépend pas de l'argent ni de ce qu'on possède, ce sera un grand pas en avant pour tout le monde.

Il dépend de chacun d'entre nous de faire ses choix, car oui, il y a toujours un choix. J'ai fait le choix de ne pas travailler pour gagner quelques années de plus et de meilleure qualité, au lieu de mourir dans six mois. J'ai fait le choix de vivre de manière la plus minimaliste possible pour moi, parce que c'est ce qui me convient. Je sais bien que ça ne durera pas. Je sais bien que je suis en sursis. Et c'est ça qui me fait réfléchir autant à ce qu'est la vie, à comment en tirer le meilleur parti, les meilleures expériences, pas en terme de sensations fortes, de richesses ou de puissances. En terme d'émotion, de qualité des moments, de beauté et de joie.

Je lis beaucoup de témoignages ou de blogs de gens qui veulent aller vers ce mode de vie simple, sobre et plus en accord avec la Terre. Mais à coté de ça, ils ont toujours leurs petites préoccupations narcissiques, du style "j'ai un bouton affreux sur le visage, ça m'a pourri ma journée". Alors est ce que leur engagement est réel, ou est ce juste une façade pour être dans le vent? Je ne sais pas, c'est à eux de voir. C'est ça qui est important à retenir: c'est à nous de voir. Il n'y a pas de dieu suprême qui vous oblige à avoir ce travail, qui vous oblige à avoir des enfants, qui vous oblige à vivre en ville. Ce n'est pas une question d'argent, les ascètes vivent très heureux sans un sou. Ne vous cachez pas derrière ce genre de pretexte. Et je dirais même: il suffit d'assumer. Se libérer soi même. Pourquoi ne pas simplement reconnaitre que vous préférez cette vie stressante à une autre, que cela vous convient très bien? Ou que vous renoncez à un autre genre de vie ? Personne n'a le pouvoir de vous mettre un pistolet sur la tempe pour que vous changiez, ou pas. Ni les médias, ni les autres, ni votre famille.
Il suffit de choisir, et de se donner du temps.

Alors, vous faites quoi dans la vie?