vendredi 7 mars 2014

Les bienfaits de la dépression.

Oui, je sais, le titre est (volontairement) provocateur.
Non, je ne ferai pas ici l'apologie du suicide/de l'alcoolisme/de l'auto mutilation/etc.

Mais Oui, j'aimerais parler du fait qu'il n'y a rien de mal à se replier sur soi même, à réfléchir à toutes les emmerdes qui ont parsemé notre vie et à voir la vérité telle qu'elle est. Sans pour autant macérer trop longtemps dans cette ambiance là.


Je sais de quoi je parle, j'ai fait une dépression (et certains jours je ne suis pas sortie d'affaire...mais quelle affaire, au fait?) il y a de cela six mois. Et étrangement ça n'est pas arrivé petit à petit, genre le truc qui s'insinue dans ta vie, non, moi je me suis reveillée un matin avec l'envie d'en finir, là, maintenant. Super. Une explosion d'émotion. Ou pas.

Mais finalement, c'était quoi cette dépression soudaine? Je l'ai ressenti sur le coup comme si je laissais tout tomber, littéralement. Comme si je portais des sacs de sable depuis des années et que d'un coup je les laissais tomber à terre. Comme si j'arrêtais de me battre et que je posais les armes de la vie en me disant "bon, là, j'en ai assez fait. Stop. Je prends ma retraite". Bien sûr c'était accompagné de pensées parasites du genre "de toutes façons personne ne m'aime, je fais rien de ma vie, je suis foutue, blablabla", mais quand même, il y a avait dans tout ça un noyeau salvateur. Comme si mon inconscient me disait "écoute poulette, je vois bien que t'es au bout du rouleau, t'as assez fait de volontarisme comme ça, lâche tout et laisse couler". Parce que c'est vrai, physiquement mon corps n'en pouvait plus, et ma tête était sur le point d'exploser tellement je me mettais de stress dans ma vie.

C'est là que j'ai fait une merveilleuse découverte.

Mon copain, qui était là à ce moment là, a compris mon malaise (alors que moi j'étais dans le lac total). Il m'a emmenée dans la maison de campagne de sa famille, au bord de l'océan. Un endroit que je connaissais déjà, et où il n'y a... rien. Le dépouillement presque total. Pas de télé, pas d'ordinateur, pas de chaine hi fi, pas d'appareil éléctro ménager ni de lave linge. La maison restée bloquée dans les années 50, si vous voulez.
Pourtant c'est très grand, très lumineux, et surtout très propre. A l'intérieur de cette maison, on peut entendre le bruit des vagues et le vent dans les pins.
Je suis partie avec rien; ni sac à main, ni vêtements de rechange (pour tout vous dire, j'étais en jogging genre pyjama avec mes chaussons d'intérieur) en plein mois d'octobre. Moi qui d'habitude refusais de sortir sans être maquillée et bien habillée, là, je n'en avais rien à péter (mais alors rien!)...
On a passé une semaine dans ce refuge. Rien que tous les deux, personne autour, j'avais l'impression que nous étions seuls au monde. Il s'occupait de tout, me préparait mes repas. La journée il partait travailler et je restais seule. Au début je pleurais. Et puis je me suis mise à laver mon linge à la main (vu que je n'avais rien emporté, j'étais bien obligée) , au savon de marseille, puis à mettre des graines aux oiseaux qui venaient dans le jardin. Je regardais la lumière changer au fil des heures. Je n'avais jamais autant rien fait de ma vie. Et je le sais maintenant, c'est exactement ce qu'il me fallait.
Parce que c'est là que j'ai découvert comment apprécier la vie. Ce n'est pas en ayant des tas d'amis, des tas de vêtements, des tas de loisirs et une vie remplie à craquer. C'est en sachant à quel point chaque chose est précieuse. En écoutant chaque bruit, en sentant chaque matière, chaque odeur, en appréciant chaque couleur et chaque lumière. Et surtout, en appréciant le gout de chaque chose. Avez vous jamais ressenti le réconfort que pouvait apporter un simple verre d'eau? A quel point c'est bon d'en boire un quand on a soif? Il m'a fallu toucher le fond pour le faire, mais je remercie cet accès de dépression pour cela.