dimanche 7 août 2016

Pourquoi je suis une "solitaire"...

Où on découvre que ce n'est pas vraiment par choix...

 D'accord, j'ai toujours aimé passer du temps avec moi même. Je ne m'ennuie presque jamais quand je suis seule, parce que j'ai construit tout un monde intérieur très riche, et même quand j'ai l'air de ne rien faire, dans ma tête je continue mes histoires, ou bien je pense à mes souvenirs. Oui, je suis une grande nostalgique.Parfois d'ailleurs c'est embêtant, parce que je vis dans le passé et j'ai souvent un peu de mal à apprécier le moment présent (mais j'y travaille!) .

Pourtant dans ma vie je n'ai pas toujours eu le choix, c'était être une solitaire ou... être une solitaire! Donc j'ai pris mon parti d'en faire un atout, mais il y a des jours où ça me pèse, comme les fois ou j'ai des crises d'endométrioses, ou j'aimerais avoir au moins des parents pour me soutenir... Malheureusement ils ne m'ont jamais vraiment comprise, et on a coupé les ponts à cause de leur incompréhension face à ma maladie. En effet, ils croient dur comme fer que l'endométriose est curable, qu'il y a un remède miracle, mais que je ne veux pas me soigner parce que...devinez quoi...je serais trop fainéante pour travailler. Le problème c'est que je les aimais vraiment.J'ai tout essayé pour qu'on s'entende, j'ai essayé de ne pas aborder ces sujets là, rester calme, mais à chaque fois que je les vois et que je les ai au téléphones ils ont des propos blessants à mon égard et comme leur avis compte énormément pour moi, je mets toujours des semaines à m'en remettre, et à reprendre confiance en moi. Pour les autres, les parents sont le soutien vers lesquels ils se tournent quand ils sont perdus ou déséquilibrés par la vie. Pour moi, c'est ceux qui me détruisent et me font perdre toute estime pour moi même. Alors j'ai appris à vivre sans. Et croyez moi, il y a des jours ou ça demande de la force. Même pour mon compagnon.
J'ai eu des amis, mais beaucoup ne m'ont plus contactée à partir du moment ou ma maladie à commencer à empirer et s'est transformée en "maladie chronique" . Les gens ne comprennent pas, quand on annule plusieurs fois de suite, ils sont là "mais c'est pas fini ce truc?" ou "Mais t'as déjà prétexté être malade la dernière fois"...  Et une fois qu'ils ont compris que ce serait toujours comme ça, ils prennent la tangeante. Parce qu'avoir une amie malade, c'est chiant! Heureusement , une ou deux personne est restée, mais je ne peux pas ma déplacer, et ils sont toujours très occupés pour venir me voir... Au moins prennent t-ils de mes nouvelles.

Mais je dois être honnête, il n'y a pas que ma maladie. C'est dans mon caractère, dans ma façon de voir la vie et le monde, si en décalage avec le reste des gens. Et puis depuis mes 17 ans et jusqu'à pas très longtemps, j'avais toujours besoin de fuir. Je disais que c'était un besoin de voyager mais honnêtement, c'était plus une fuite! Je me souviens, peut importe chez qui j'étais, parfois je prenais mes affaires en plein milieu de la nuit et je partais à la gare, ou même en avion. Il fallait que je sois ailleurs. Je pense que c'est lié à ma spiritualité, mais je n'ai pas encore expliqué comment. Peut être parce que je n'avais jamais trouvé quelqu'un à qui je pouvais tout confier, qui pouvait me connaitre entièrement sans partir en courant (ça m'est littéralement arrivé!) . Je me suis toujours dit en mon for intérieur avec bravade et tristesse "je dois être une âme sauvage". C'était une vision très romantique d'un handicap social lié à mon expérience qui dépassait largement mon âge...En tous cas je remercie mon compagnon d'aujourd'hui de m'avoir "domptée" et apaisée . Parce que ce besoin d'être ailleurs, même si il m'a fait vivre de merveilleuses aventures dignes de vrais romans, me rendait malheureuse. C'est bien de pouvoir se poser.

Alors voilà, je suis une solitaire, et c'est comme ça.. c'est la vie, la fatalité, et moi ; et je m'en suis bien accommodée. Finalement, ce n'est pas si mal! Certaines personnes paniquent à l'idée de rester seuls avec eux même, moi je me connais tellement bien que je n'ai plus peur. 




9 commentaires:

  1. Bonsoir (bonjour ?) Alice ! Après la lecture de ton texte j'aurais tellement envie de t'apporter une boite de biscuits et de boire un thé avec toi pour papoter et te changer les idées ! Je me retrouve pas mal dans ce que tu écris, même si je ne suis pas malade, j'ai souvent été mise à l'écart dans mon adolescence et mon enfance (ne pas avoir les mêmes centres d'intérêts que les autres enfants quand on vit dans un petit village ça n'aide pas beaucoup) et je le vivais très mal. Mais finalement, et tout comme toi, je prends désormais cette solitude comme une force, je sais que je suis capable de passer du bon temps avec moi même et j'apprécie d'autant plus d'avoir peu d'amis parce que ces rares personnes que je côtoie sont vraiment magnifiques et uniques, même si elles vivent loin de moi (ca fait partie du jeu quand on immigre dans un autre pays)et je réalise d'autant plus combien mes amis sont géniaux quand je repense au nombre de débiles que j'ai croisés sur ma route :D
    Quoi qu'il en soit, la vie est belle malgré toutes les épreuves et les coups durs qu'elle peut parfois nous imposer. Take care belle Alice, j'ai hâte de voir ta prochaine vidéo et de lire un nouvel article (parce que j'aime beaucoup ta plume :))

    Gillybinn

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    1. Bonsoir Gillybin! Ca fait plaisir de te retrouver :) J'adore les gateaux et le thé... Merci pour ton chouette commentaire, à très vite!

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  3. Moi aussi j'ai coupé les ponts avec mes parents pour des raisons à peu près similaires (dévalorisation entre autre), je sais à quel point c'est dûr de grandir/vivre sans l'épaule de parents. Le pire c'est que j'ai l'impression que les autres ne se rendent pas compte à quel point c'est difficile, ce sentiment de solitude.
    Mais contrairement à toi, j'ai une peur bleue de me retrouver seul, justement parce que je n'ai peut être pas eu de personne pour me guider et sans une aide extérieure je me sentirais complètement perdu dans ce monde... J'aimerai avoir cette force que tu as, de ne pas craindre la solitude.

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  5. Merci beaucoup, c'est très gentil de ta part, ça me touche .

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  6. Bonsoir :-)
    Ton texte m'a beaucoup émue et je voulais te dire que chacun d'entre nous a une part solitaire en soi... de la même manière indubitable où chaque être possède une part d'ombre et de lumière.
    Ce n'est pas une tare d'être solitaire, un solitaire est parfois plus humain et communautaire qu'on ne le soupçonne et enfin être solitaire est parfois salvateur pour être à l'écoute des autres et de soi...
    Moi même qui suis en général de nature très "renarde solitaire" bien ancrée dans sa tanière, et bien malgré tout j'ai un côté communautaire qui me fait apprécier les bons moments entre amis ou en famille... et pour tout dire ces amis et cette famille sont de ceux et de ces rares personnes qui savent accepter et respecter mon retrait occasionnel, mes absences et mes longs silences. Car ils me connaissent et ont une amitié suffisamment sincère pour savoir que leur amie renarde sait aider, s'amuser, rire et bouger quand elle est en leur compagnie :-)
    Bref tout ça pour te dire que tes vrais amis sont ceux qui resterons dans tes villages malgré tes soucis de santé et ta personnalité.
    Amicalement
    Greatest blessing

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  7. Être malade, c'est un isoloir sans fond. Je le vis au quotidien, également, à tel point que j'essaie parfois de nier la maladie, de me forcer à bouger en essayant de me convaincre, comme tout le monde semble le penser, que c'est "dans ma tête". C'est toujours un échec cuisant, au mieux je passe des soirées entières à souffrir en silence, au pire je me retrouve à l'hôpital. Je n'ai pas la même maladie que toi (même si je la connais bien car une de mes amies en souffre) mais je comprends ce que c'est au quotidien. On lasse, on effraie, on agace à force d'être toujours fatiguées, on mets les gens sains face à leur crainte de la maladie, ils finissent donc tous inlassablement par nous ranger dans un placard, loin des regards. À force de ne pas parler pour ménager nos forces, on nous voit comme des asociales. À force de décommander à la dernière minute parce qu'on ne peut plus bouger un orteil, on ne nous appelle plus. J'ai eu la "chance" de grandir dans une famille habituée à gérer ce genre de choses (mon père a une sclérose en plaques et le cancer fleurit dans ma famille comme les pissenlits dans les jardins) donc mes parents n'ont jamais remis ma parole en doute (même si, eux aussi, sont persuadés qu'il existe un remède miracle et que je n'ai pas fait assez de démarches auprès des spécialistes) et j'arrive (péniblement) à travailler (en "cachant" évidemment le fait que je sois malade, sinon personne ne m'embaucherait). Mais je connais quand même la solitude. Je suis la fille qui comptabilise assez d'arrêts maladie à son compteur pour passer pour une feignasse.

    Et, comme toi, j'ai appris à aimer la solitude. Parce que les leçons de morale des gens qui ne connaissent ce que tu vis que d'après ce qu'ils en voient, au bout d'un moment, c'est pesant. Ma mère m'a toujours dit qu'il valait mieux être seule que mal accompagnée, et j'admets qu'elle a raison, même si j'en ai souffert. Heureusement, j'ai aussi un compagnon très compréhensif et sur lequel je peux compter (le pauvre a du endurer tellement de choses qu'il pourrait être ambulancier maintenant).

    La compagnie de soi-même peut parfois être plaisante ;)

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    1. bonjour! Je suis on ne peux plus d'accord avec toi, et encore plus sur les leçons de morales. Je te remercie beaucoup d'avoir pris le temps de partager ça avec moi, ça m'a réchauffé le coeur. bises.

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Stay cool, dude.